Les successeurs de Korolev allaient essayer de combler le vide, mais les choses ne seront plus jamais comme avant. La mort de Korolev a mis fin à vingt ans de règne sur les missiles et les programmes spatiaux soviétiques. Aucun de ses associés, très doués dans leur domaine de compétence n’aura une telle expérience dans les divers domaines allant de la gestion d’un bureau d’étude à la négociation avec les principaux dirigeants du pays, en passant par l’influence sur les autres concepteurs et un charisme qui lui a permis d’inculquer sa vision de l’espace à des milliers de collaborateurs. Korolev n’était pas seulement le concepteur en chef de l’OKB-1, c’était le concepteur en chef des systèmes spatiaux soviétiques. Sa mort a créé un vide sans précédent, son successeur a hérité de la direction de l’OKB-1, mais n’aura pas la même aura que Korolev. Il devra faire jeu égal avec les autres concepteurs.
Le vaisseau spatial Soyouz était la pièce maîtresse du programme spatial post-Korolev. Depuis la mort de Korolev en janvier 1966, la conception, le développement et les tests du Soyouz orbital terrestre 7K-OK devaient mener à la mission la plus spectaculaire du programme soviétique à ce jour : l'amarrage de deux vaisseaux Soyouz en orbite terrestre, suivi du transfert de deux membres d'équipage d'un véhicule à l'autre via une sortie dans l'espace. Les dirigeants des programmes spatiaux soviétiques croyaient fermement que cette mission unique éclipserait les réalisations des dix vols Gemini de la NASA au cours de 1965-66. Des milliers d'ingénieurs ont travaillé dans ce but de rétablir la prééminence soviétique dans l'exploration spatiale pilotée. D’un point de vue politique, technique et humain, la réussite de cette mission n’était pas optionnelle Au fur et à mesure que l’on se rapprochait de l’échéance, une atmosphère de malaise commença à envahir le programme.