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Restructuration de l'industrie soviétique

La création des deux bureaux indépendants et le conflit avec Yangel avaient certainement diminué temporairement le pouvoir de Korolev, mais son influence continuait à croître lentement. Son changement d'avis sur la question de l'adhésion au Parti communiste d'Union soviétique a très certainement joué en sa faveur. Parmi les grands concepteurs de fusées, il était resté l'un des rares à ne jamais adhérer au Parti. Korolev, bien sûr, n'avait pas encore été officiellement réhabilité pour ses « crimes » des années 1930. En 1950, il a suivi des cours du soir à l’Université Mitishtinskiy sur le marxisme-léninisme, finissant ses examens avec distinction en 1950. Incapable d'oublier totalement son passé et ses souffrances, il a hésité encore à rejoindre les rangs des communistes. En 1952, à la demande de plusieurs officiers locaux du Parti à Kaliningrad, Korolev a finalement décidé de commencer le processus de demande d'adhésion. En mars, il a été accepté comme candidat. Les doutes sur son passé "criminel" ont été dissipés par un certain nombre de recommandations d'associés tels que Pobedonostsev et Kozlov. Peut-être influencé par l'accession rapide de Yangel à la direction du NII-88, Korolev a demandé son adhésion au Parti au début de juin 1953. C'était un moment important pour l’évolution de sa carrière, un rejet de sa candidature aurait sûrement provoqué sa démission en tant que concepteur en chef de l'OKB-1, mettant fin à sa carrière. Korolev avait des raisons de s'inquiéter car il était extrêmement inhabituel pour un ancien prisonnier de devenir membre du Parti. Heureusement, lors d'une réunion à Kaliningrad le mois suivant, il a finalement été accepté comme membre du Parti communiste de l'Union soviétique.

La même année, le 23 octobre, Korolev et le concepteur en chef Glushko ont été élus nouveaux membres correspondants de l'Académie des sciences de l'URSS, la deuxième plus haute distinction pour un scientifique de la nation. Ceux sont les seuls ingénieurs de toute l'industrie des fusées à avoir reçu un tel honneur. En tant que membres du Département des sciences techniques de l'Académie, Korolev et Glushko étaient non seulement largement reconnus pour la première fois, mais bénéficiaient également d’avantages financiers importants accordés à tous les membres correspondants et titulaires de cette organisation.

Les relations de Korolev avec les dirigeants poststaliniens se sont stabilisées avec le temps. Des quatre acteurs principaux, il avait eu des relations très superficielles avec Bérya, Bulganin et Malenkov. Ces deux derniers avaient dirigé le Comité spécial n°2, mais ils étaient restés en dehors des décisions sur le programme des missiles. Ainsi, avec le départ de Bérya, la nouvelle direction s’est trouvée dans une étrange situation, héritant d'un programme de recherche important et complexe qu’ils découvraient. Le quatrième acteur majeur du pouvoir, Khrouchtchev, avait rencontré Korolev à quelques reprises sous le régime de Staline, mais ils n'avaient jamais développé de véritables relations personnelles à l'époque. La description de Khrouchtchev de la première rencontre de Korolev avec la nouvelle direction du Parti est révélatrice :

Peu de temps après la mort de Staline, Korolev est venu à la réunion du Politburo pour rendre compte de son travail. Je ne veux pas exagérer, mais je dirais que nous avons regardé ce qu'il nous a montré comme si nous étions une bande de moutons devant un nouvel enclos. Nous ne pensions pas que ces fusées pourraient voler. Korolev nous a regardé lors d'une visite du site de lancement et a essayé de nous expliquer comment fonctionnait la fusée. Nous étions comme des paysans dans un marché.[4]

En parlant de la nouvelle proposition de l'ICBM, Khrouchtchev ne tarissait pas d’éloges sur Korolev :

Nous avions une confiance absolue dans le camarade Korolev. Quand il exposait ou défendait des idées, on pouvait voir la passion brûler dans ses yeux, et ses rapports étaient toujours des modèles de clarté. Il avait une énergie et une détermination illimitées et c'était un brillant planificateur. [5]

Un militaire des années 1950 a rappelé que :

Korolev n'était pas seulement un scientifique et un designer, mais aussi un grand organisateur. Il n'a pas hésité à prendre des risques, mais ses prises de risque étaient toujours calculées. Parfois, il prenait une décision qu'il savait intuitivement délicate, mais il voulait toujours la tester et l'essayer comme s'il avait besoin de se convaincre que ce n’était vraiment pas la bonne.[6]

Malgré son adhésion au parti, Korolev n’a jamais oublié son passé :

Lorsqu’il prenait ses repas avec ses adjoints et assistants, tous étaient assis autour d'une grande table dans la cantine… Il mangeait vite, prêtant plus d'attention aux questions posées par ses équipes qu’au repas. Après avoir fini la nourriture dans son assiette, il l'essuyait avec un morceau de pain qu'il mettait ensuite dans sa bouche. Il ramassait les miettes et les mangeait. Ses compagnons étaient étonnés de ses manières, il leurs expliqua un jour que c'était une habitude qu'il avait prise pendant ses années en prison et dans les camps de travail.[7]

Bien évidemment, les succès du premier programme de missiles balistiques soviétiques n'appartenaient évidemment pas uniquement à Korolev. D'autres ingénieurs, officiers d'artillerie et bureaucrates de l'industrie de la défense avaient joué un rôle déterminant dans la création de la vaste infrastructure qui avait soutenu le développement du R-1, R-2, R-5 et R-11. Mais Korolev était au cœur de cet effort, il avait su mobiliser les capacités et les talents de milliers de personnes. En 1953, il était sur le point d'entamer la phase la plus importante de sa vie. Homme profondément touché par l'histoire de l'Union soviétique, il avait commencé à mobiliser sa propre énergie pour marquer l'histoire du monde.


[1] Alexandre Romanov, Korolev, Moskva : "Molodaia gvardiia", 1990 ,480 p

[2] James Harford, Korolev: How One Man Mastermind the Soviet Drive to Beat America to the Moon, Wiley, 199, 432 pages.

[3] Ibid

[4] Nikita Khrushchev, Khrushchev Remembers: The last Testament, Editeur‏: ‎ Little Brown and Company Boston Janvier 1970

[5] Ibid

[6] Mozzhorin Yuriy A., eds, Nachalo kosmicheskoy ery, Moscou: RNITsKD, 1994

[7] Ibid

Vyecheslav A. Malyshev

Cette confusion, observée dans les mois qui ont suivi la mort de Staline, a provoqué une restructuration très importante de l'industrie des technologies avancées telles que les armes nucléaires et les fusées. Malgré l'élimination de Bérya de la scène politique, de nombreux responsables de l'industrie des armes nucléaires qui avaient servi sous ses ordres, ont hérité de rôles majeurs dans le programme. Le processus a été déclenché le 1er juillet 1953 - cinq jours après l'arrestation de Bérya -lorsque le Présidium a créé le nouveau ministère de la construction de machines moyennes sur la base de la première direction en chef du Conseil des ministres de l'URSS, la même entité qui avait géré le programme d'armes atomiques depuis 1946 sous l'œil vigilant de Bérya. Vyecheslav A. Malyshev, un ancien ingénieur des chemins de fer de cinquante et un ans, bien connu pour son rôle dans la gestion de la production de chars pendant la guerre, a été nommé à la tête du ministère. Malyshev a été également nommé vice-président du Conseil des ministres. Proche de Malenkov, Malyshev était un homme extrêmement professionnel et intelligent qui avait travaillé en étroite collaboration avec Bérya sur le développement des armes nucléaires après-guerre. En tant que chef de file de l'industrie de la défense soviétique, Malyshev allait jouer un rôle majeur dans la gestion du secteur de la défense.

En tant que chef du nouveau ministère, Malyshev était responsable de la gestion des trois grands programmes de développement d'armes top-secrètes en Union soviétique : la bombe atomique, les armes de défense aérienne et les programmes de missiles balistiques. Les deux premiers étaient gérés par trois « directions principales » du Conseil des ministres relevant directement de Bérya. Avec la formation du ministère de la construction de machines moyennes, le premier (pour les armes atomiques), le deuxième (pour la gestion de la base de matières premières pour l'industrie de l'uranium) et le Troisième (pour les missiles de défense aérienne) ont été réunis en un seul et englobés sous ce ministère. Le sort précis du mystérieux Comité spécial n°2 qui avait dirigé le programme de missiles balistiques n'est pas clair - il semble avoir été dissous dès 1949 - mais il ne fait aucun doute que le nouveau ministère de la Construction de machines moyennes a également supervisé l'effort

final du programme des missiles après 1953. La gestion des activités quotidiennes est restée sous la responsabilité d'Ustinov au ministère de l’Armement.

Malyshev n’était pas un grand partisan de Korolev. Ils s’étaient affrontés au sujet du R-3. Lors d'une réunion importante pour discuter du missile, Korolev avait annoncé presque avec désinvolture aux participants que les travaux sur le R-3 devraient être immédiatement interrompus pour concentrer les forces en cours directement sur un ICBM. Pour Malyshev, le développement du R-3 était crucial pour les forces armées soviétiques dans l’avenir. Malyshev, fidèle à son caractère, a sévèrement réprimandé Korolev devant tout le monde, lui disant que sa proposition était inacceptable. Visiblement perturbé, Korolev a laissé échapper : « Je refuse, Vyecheslav Aleksandrovich [Malyshev]. Je le répète : c'est une approche antiétatique de cette affaire. » Malyshev, ne se laissant pas intimider, avait répondu : « Non vraiment ? Il refuse ... nul n’est irremplaçable. D'autres personnes peuvent être trouvés. »[1] Cette remarque et cette menace vis à vis de Korolev avait provoqué un froid dans toute l’assemblée, il y eut un long moment de silence. Malyshev a brusquement ajourné la réunion, disant que toute discussion sur la question était inutile. Le R-3, bien sûr, a été annulé comme Korolev l'avait proposé. Aucun document ne montre pourquoi Malyshev a finalement capitulé, peut-être simplement qu'Ustinov a réussi à convaincre Malenkov, le patron de Malyshev.

Mikhaïl Kuzmich Yangel

De toute évidence, l’année 1953 a été importante dans la vie de Korolev. Les départs de Staline et Bérya ont profondément impacté les activités des scientifiques soviétiques. Korolev n’avait toujours pas été réhabilité des crimes présumés, mais la terreur commençait à s’atténuer. L’état d’esprit des années Bérya mettrait du temps à s'estomper dans un régime qui restait totalitaire. Pourtant, même avec la disparition de Bérya, les fonctionnaires du Parti communiste n’avaient pas soutenu un individu qui était encore officiellement un criminel d’Etat.

C’est à cette époque que Mikhaïl Kuzmich Yangel, un ingénieur aéronautique talentueux allait devenir le concepteur par excellence des missiles balistiques stratégiques en Union soviétique. Né en Ukraine le 25 octobre 1911, Yangel avait fait son apprentissage dans plusieurs grandes organisations aéronautiques de guerre dirigées par des concepteurs célèbres comme Polikarpov, Mikoyan et Myasishchev. Il avait été recommandé à Ustinov par un haut membre politique lors de ses activités à l'Académie de l'industrie de l'aviation à la fin des années 1940. En avril 1950, malgré son manque apparent d'expertise dans le domaine des systèmes de guidage, Ustinov avait nommé Yangel chef du département n°5 au NII-88, responsable du développement dans ce domaine.

Lorsque le directeur du NII-88, Rudnev, a été promu inopinément au poste de sous-ministre des Armements sous la responsabilité d’Ustinov en mai 1952, les officiels du Parti ont recherché un candidat approprié pour diriger l'institut. Yangel a été nommé directeur du NII-88, à la surprise générale, alors que Korolev disposait d’une plus grande expérience. De toute évidence, les références de Yangel au Parti ont joué un rôle important dans sa nomination. Mishin a déclaré plus tard : « Yangel avait une personnalité plus attrayante que Korolev, il était proche du Parti et n’avait pas été prisonnier politique »[2]. Ce

fut une des premières décisions d’Ustinov pour s’opposer à la puissance croissante de Korolev, qui était tellement offensé qu’il ne s’est pas présenté à la première réunion des chefs de départements. Comme presque tout nouveau directeur qui se retrouve à la tête d’une importante organisation, Yangel a voulu changer les méthodes, les objectifs et la structure. Il s’est fixé comme objectif de « réformer » Korolev afin que l’OKB-1 se mette au service du NII-88, alors que Korolev avait exigé que les projets du NII-88 soient subordonnés aux tâches de l’OKB-1. Les deux hommes avaient de très forte personnalité, et leur relation étaient loin d’être harmonieuse, créant un environnement de travail tendu et stressant au sein de l’institut. Ils évitaient de se parler, et Korolev se servait de ces deux adjoints, Mishin et Chertok, comme intermédiaire. Le refus de Korolev d’accepter la direction de Yangel menaçait de détruire la structure de l’institut qui était fragile. La tension était si forte que le 4 octobre 1953, le ministère et le comité Central sont parvenus à un compromis, Yangel a été déchargé du poste d’ingénieur en chef du NII-88. Bien que toujours officiellement supérieur de Korolev, Yangel a accepté de partir pour Dniepropetrovsk et de se concentrer sur la production de missiles. Finalement, Korolev devra attendre le 14 août 1953 pour que le ministre signe un arrêté faisant de l’OKB-1 une organisation indépendante du NII-88.

Plan du R-12 de Yangel

L’usine de l’Union de l’État n°586 de Dniepropetrovsk était à l’origine chargée de la fabrication des missiles R-1 et R-2. L’usine s'occupait principalement de la production de ces missiles, sous la responsabilité de Budnik. Korolev avait laissé Budnik créer un petit département de conception, officiellement subordonné à l’OKB-1 pour étudier la modification des missiles existants. Les travaux avaient abouti au développement d'un R-1 amélioré nommé R-5M, avec un nouveau système de guidage. En même temps, Budnik, conjointement avec les ingénieurs de NII-88, s'était lancé dans un projet plus ambitieux de conception d'un nouveau missile balistique stratégique appelé le R-12, ou "produit 8A63", qui utiliserait des propergols stockables, aurait un système de guidage autonome, et aurait une portée d'environ 2 000 kilomètres. L'armée était intéressée par ce missile qui aurait les caractéristiques de conception modernes du R-5 mais serait aussi facile à stocker pendant de longues périodes que le R-1, missile tactique à courte portée. Le 13 février 1953, dans le même décret validant le développement de l'ICBM, le gouvernement soviétique a transféré officiellement tous les projets de travaux du R-12 du NII-88 sous la responsabilité de Budnik en Ukraine. Le R-5M utilisait un propulseur oxygène-kérosène, tandis que le R-12 utilisait du tétroxyde d'azote et de la diméthylhydrazine asymétrique (UDMH). Yangel pensait que l'utilisation d'oxygène liquide pour les missiles de combat était inacceptable et avait déclaré : « L'attirance de Korolev pour l'oxygène liquide conduira notre technologie de missiles dans une impasse ». Côté militaire, il se murmurait à l’époque : « Korolev travaille pour l’agence TASS et Yangel pour nous »[3].

Au début de 1954, Khrouchtchev a chargé le ministre Ustinov d'élaborer un plan pour réduire le monopole de Korolev dans le secteur de la construction de fusées. Ustinov a imaginé une stratégie visant à créer deux groupes complètement indépendants, l'un en Ukraine et l'autre dans l'Oural. Korolev a été convoqué à une réunion pour rencontrer Khrouchtchev, qui était alors le premier secrétaire du parti communiste, pour discuter de la question. Korolev était évidemment réticent à toute concurrence, il a suggéré à Khrouchtchev d'avoir des bureaux d'études situés au centre de la région de Moscou et un certain nombre de succursales réparties dans toute l'Union soviétique pour permettre un fonctionnement idéal. Khrouchtchev s'y est opposé catégoriquement, arguant que les deux nouveaux groupes devaient être complètement indépendants. Korolev a finalement cédé son monopole devant l’insistance de Khrouchtchev. Les nouvelles bases du développement des programmes spatiaux étaient ainsi posées. Cette nouvelle organisation allait mettre fin à la querelle entre Korolev et Yangel.

Viktor P. Makeyev

La première entreprise, le Bureau de conception expérimentale (OKB-586) a été formé à l'usine de Dniepropetrovsk en Ukraine, par arrêté du Conseil des ministres en date du 10 avril 1954. Sa mission était de créer une nouvelle génération de missiles balistiques militaires. Ustinov a offert le poste de concepteur en chef à Yangel, qui a accepté sans aucune hésitation. L'ingénieur ambitieux s'intéressait depuis quelque temps à la direction de son propre bureau d'études et, comme Korolev, était mécontent de sa situation au NII-88. Yangel a été officiellement nommé à la tête de l'OKB-586 le 9 juillet et a amené avec lui à Dniepropetrovsk un certain nombre d'ingénieurs compétents du NII-88. Avec Budnik comme nouveau premier adjoint, Yangel s’est lancé immédiatement dans le travail sur le missile R-12, considéré par les dirigeants soviétiques comme le successeur de la fusée R-5 de Korolev. Le nouveau missile de Yangel devait utiliser un moteur conçu par Sevruk, ingénieur de Budnik, qui avait commencé cette recherche. Mais en définitive, le choix de Yangel s’est porté sur le concepteur en chef Glushko et son expérience. Ainsi, en plus des deux moteurs de l'ICBM, en 1952, Glushko a commencé à travailler sur un troisième moteur, le RD-211, pour le R-12. Contrairement aux deux autres moteurs, le RD-211 aurait une conception avec quatre chambres de combustion identiques alimentées par une turbopompe. La poussée totale serait d'environ soixante-cinq tonnes. Le RD-211 serait le tout premier moteur de fusée à propulsion liquide à forte poussée de Glushko utilisant des propulseurs stockables.

La deuxième entreprise indépendante a été ouverte à Zlatoust dans l'Oural dans les anciennes usines n°66 et 385, jusque-là spécialisées dans la fabrication en série des premiers missiles balistiques. Dans le projet d’Ustinov, le Bureau n°385 (SKB-385) a été restructuré et l'un des plus jeunes protégés de Korolev, apparemment sur sa recommandation, Viktor P. Makeyev a été nommé

concepteur en chef de l'organisation le 1er mars 1955. Makeyev, a été transféré de l'OKB-1 à la nouvelle entreprise pour diriger le développement d'une nouvelle génération de missiles tactiques, avec des portées de 200 à 300 kilomètres. Son expérience en tant que concepteur principal de la fusée tactique R-11 a sans aucun doute joué un rôle majeur dans sa nomination. Le SKB-385 de Makeyev héritera bientôt de tout le développement des fusées navales de l’OKB-1 de Korolev, et deviendra le premier développeur d'ICBM navals au monde.