an abstract photo of a curved building with a blue sky in the background

Enfin

La perte de Salyut-2 et de Cosmos-557 a marqué la fin des missions de station spatiale soviétique en 1973. Les équipages des programmes Almaz et DOS devaient donc attendre encore pour effectuer leurs vols. Pour l’équipage, Kubasov - Leonov, l’attente était particulièrement longue. Il s’était entrainé pour piloter le premier DOS-1 avant d’être mis sur la touche par la maladie de Kubasov. Ils devaient effectuer la deuxième mission en juillet qui avait été annulé par le tragique accident de Soyouz 11. En juillet 1972, ils étaient prêts à voler vers la station DOS-2 lorsqu'elle a explosé avant même d'atteindre l'orbite. Puis, pour la quatrième et dernière fois, ils étaient à quelques jours du vol vers DOS-3 en mai 1973 avant que la défaillance fatale du système de contrôle d'attitude ne détruise cet espoir. Après trois ans de formation aux missions DOS, le 25 mai 1973, quelques jours seulement après l'échec du Cosmos-557, les responsables soviétiques ont annoncé que Leonov et Kubasov serait l'équipage principal, côté soviétique, du programme expérimental Apollo-Soyouz.

Pour pallier ce manque de vol, Mishin a élaboré un plan pour tester en profondeur la nouvelle variante du ferry 7K-T Soyouz sur un vol indépendant. Il a inséré en plus une deuxième mission Soyouz en solo, qui réaliserait certaines des expériences d'astrophysique qui auraient dues être menées dans la station spatiale. En juillet 1973, les équipages ont commencé à s'entraîner pour ces deux missions. En prélude à ces deux missions, TsKBEM a inséré une troisième mission Soyouz en solo - un vol automatisé pour vérifier tous les nouveaux changements de conception introduits en 1972-73. Le vaisseau spatial Soyouz 7K-T n°35 a décollé sans incident à 9 heures, heure de Moscou, le 15 juin 1973. Au cours de son vol de deux jours et neuf minutes, le vaisseau spatial de 6,790 kilogrammes, nommé Cosmos-573 dans la presse soviétique, a effectué une seule manœuvre orbitale pour abaisser l'apogée avant de revenir sur Terre le 17 juin.

Après deux ans sans cosmonautes dans l’espace, le lancement du vaisseau spatial 7K-T Soyouz n°36 a eu lieu à 15 heures dix-huit minutes heure de Moscou, le 27 septembre 1973. La fusée, nommée Soyouz 12 a emporté à son bord le commandant Lazarev et l'ingénieur de vol Makarov. Les cosmonautes s’étaient entrainés à effectuer une manœuvre d’arrimage virtuelle. Au terme d'un vol qui n'aura duré qu'un peu moins de deux jours, l'équipage est rentré sur Terre sans encombre. Pour éviter les rumeurs d’une mission manquée, la presse soviétique avait annoncé que la mission Soyouz 12 ne durerait que 2 jours.

Le dernier vol Soyouz de 1973 était une mission habitée. Dénommé par la presse Soyouz 13, l'objectif principal était d'ordre scientifique. Il portait essentiellement sur des expériences en astronomie. A cet effet, un télescope UV, baptisé Orion-2, occupait la place normalement réservée au dispositif d'amarrage. Le vaisseau a décollé le 18 décembre 1973 avec pour équipage Piotr I. Klimuk, commandant âgé de trente et un ans et Valentin V. Lebedev, ingénieur de vol. Pour la première fois dans l’histoire, des Russes et des Américains, à bord de Skylab-4, étaient dans l’espace. L’équipage a réalisé de nombreuses expériences et utilisé le télescope Orion-2 embarqué. Les deux hommes ont aussi utilisé le spectrographe RSS-2 pour des études géophysiques, et ont étudié la circulation du sang dans le cerveau et réalisé de nombreuses expériences.

L'équipage de Soyouz 12 : Makarov et Lazarev

Les deux cosmonautes sont rentrés avec succès sur Terre après sept jours et vingt heures en orbite le 26 décembre 1973. Le vol était un succès sans réserve, et arrivait au bon moment, après la réussite de Soyouz 12 pour l’image du programme spatial soviétique. Pour la première fois depuis de nombreuses années, des missions pilotées consécutives avaient insufflé un nouvel espoir. Après des années de doute, il semble que les ingénieurs aient enfin réussi à éliminer tous les problèmes du vaisseau spatial Soyouz. Enfin, mais personne ne le savait à l’époque, la mission était la toute dernière mission pilotée sous le commandement de Mishin. Une époque était sur le point de se terminer.

Petr Klimuk (à gauche) et Valentin Lebedev lors de l'entraînement pour la mission Soyouz-13