Le Complexe militaro-industriel (VPK)
national brut de l’URSS. Le complexe militaro-industriel soviétique témoignait de la puissance industrielle du pays en matière de production d'armes, un secteur qui représentait près de 70% de l'industrie nationale. Sous son impulsion, l'Armée rouge avait été totalement motorisée et constamment rééquipée en fonction de l'innovation technologique, en chars, canons, véhicules de transport et systèmes de communication, permettant de s’opposer aux Etats-Unis dans le contexte de la guerre Froide, mais aussi en fournissant de l’équipement militaire à l’ensemble des pays tombés dans la sphère d’influence du bloc de l’Est et aux milices et guérillas communistes agissant à travers le monde durant cette période.
[1] La Commission VPK, créée en 1957, avait été précédée en 1951 par la Commission pour les questions militaro-industrielles du Présidium du Conseil des ministres de l’URSS.
Le complexe militaro-industriel, au sortir de la guerre, était resté un espace relativement autonome, capable d’exercer une influence sur le pouvoir politique. Le contrôle que les organes centraux du Parti et de l’Etat exerçaient sur lui s’était affaibli. Sa gestion était assez peu affectée par la décentralisation qui touchait le reste de l’économie. Cette gestion centralisée était contrôlée par l’industrie de la Défense, et non par le pouvoir politique (Parti), économique (Gosplan) ou militaire. La commission militaro-industrielle, créée fin décembre 1957, devait contrôler le VPK. Elle était conçue comme un centre de coordination au sein du gouvernement pour toutes les questions relatives à l’armée et à l’industrie de la Défense[1]. Elle avait notamment pour mission la conception et la production de nouveaux types d’armement et la coordination des travaux effectués dans les différentes branches de l’industrie de défense. Elle assurait donc pour ce secteur les fonctions exercées par d’autres administrations dans les autres secteurs de l’économie. Elle se substituait par exemple au Gosplan, aux Comités d’Etat sur les prix (Goskomcen), à l’administration du travail (Goskomtrud), à l’approvisionnement (Gossnab), aux statistiques (Goskomstat) ou encore à l’administration de la science et de la technique (GKNT), réduisant ainsi très fortement le droit de regard de ces instances transversales sur le complexe militaro industriel. La commission jouait un rôle essentiel dans la préparation des décisions politiques, les projets ministériels y étaient examinés et les projets de décision y étaient conçus avant transmission au Département de l’industrie de défense du Comité central du PCUS.


La commission militaro-industrielle réunissait en son sein des membres du pouvoir politique central (représentant du Conseil des ministres du Gosplan), du ministère de la Défense et des secteurs industriels (ministères de branche, chercheurs, ingénieurs et directeurs d’entreprise). Les représentants des secteurs industriels y détenaient des positions extrêmement fortes face à l’armée et au pouvoir politico-économique. Le Parti n’était pas présent en tant que tel, en revanche, l’industrie de l’armement était surreprésentée dans l’appareil de la commission dont 50% du personnel, provenait des ministères techniques et 34% des milieux industriels comme les instituts de recherche, les bureaux d’études et les usines. Les membres du Gosplan et du ministère de la Défense ne représentaient respectivement que 10% et 6% de l’appareil.
Le complexe militaro-industriel constituait le fer de lance de l’économie nationale et était un véritable instrument de puissance dans le contexte de la Guerre Froide. Il allait permettre l’entrée de la nouvelle Union des Républiques Socialistes Soviétiques dans l’ère de l’industrialisation massive, permettant de doter l’Armée rouge d’équipements militaires efficaces et performants. A son apogée, l’industrie de l’armement soviétique représentait plus de 14 millions d’emplois et assurait plus de 50% du produit